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souventefoiz vient entre père et fils aucun descort. Mais dyabolique est et seroit la persévérance en laquelle povez notter par espécial deux grans et horribles maulx et dommages. L’un que il convendroit en brief temps que le royame en feust destruit, si, comme dit Notre Seigneur en l’Euvangile, le royame en soy divisié sera désolé. L’autre que hayne perpétuelle soit née et nourrie d'orez en avant entre les hoirs et enfans du noble sang de France : lesquels seulent estre un propre corps et pillier à la deffense de cestui dit royame, pour la quelle cause d’ancien nom est appellée fort et puissant.

Très excellent et redoubtée Dame, encores vous plaise notter et réduire à mémoire trois très grans biens et prouffiz qui par ceste paix procurer vous ensuivroient. Le premier appartient à l’âme, à la quelle très souverain mérite acquerriez, de ce que par vous seroit eschevée si grant et si honteuse effusion de sang ou très chrestien et de Dieu establi royaume de France, et la confusion qui en ensuivroit, se tel horreur avoit durée. Item le IIe bien , que vous seriez pourchaceresse de paix et cause de la restitucion du bien de vostre noble porteure et de leurs loyaulx subgiez. Le tiers bien, qui ne fait à desprisier, c’est qu’en perpétuelle mémoire de vous, ramenteue, recommandée et louée ès croniques et nobles gestes de France, doublement couronnée de honneur seriez, avec l’amour, grâces présens et humbles grans merciz de voz loyaulz subgiez.

Et ma redoubtée Dame, à regarder aux raisons de vostre droit, posons qu’il soit ou feust ainsi que la dignité de vostre haultesse se tenist de l’une des partiez avoir aucune-