I
C’est Christine elle-même qui nous apprend
dans ses œuvres jusqu’aux plus petits détails de sa
biographie ; nous en citerons les faits principaux.
Après la mort de son père, Thomas de Pisan,
que Charles V, en 1368, avait appelé de Venise
à sa cour, comblé de ses faveurs, et nommé
l’un de ses conseillers et son astrologue en titre,
Christine perdit son mari, nommé Etienne Castel,
et avec lui les dernières faveurs de la fortune.
Oubliée de la cour de Charles VI, qui avait fait
mourir son vieux père de chagrin, elle fut d’abord
livrée à l’isolement. Puis, voulant régler
les affaires de sa famille, elle se vit engagée dans
une suite interminable de procès ruineux ; et
les hommes de loi, dévorant sans pitié son patrimoine,
la réduisirent bientôt à un état voisin
de la misère. Christine n’y montra jamais la moindre
faiblesse, n’y retrancha rien de la dignité de
son caractère. Le malheur, au contraire, redoubla
son courage et lui révéla son talent. Elle avait des
enfans à nourrir et à élever, de pauvres parens à