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Christine se trouva de nouveau mise en rapport avec la maison de Bourgogne et le fils de Jean-saus-Peur ; c’est une des circonstances les plus curieuses pour l’étude de son caractère. La distance où nous sommes du manuscrit de Bruxelles a seule pu nous condamner à passer ces questions sous silence ; mais nous y reviendrons dans une publication prochaine.

En terminant cette notice littéraire sur Christine de Pisan, n’oublions pas que l’à-propos de ses ouvrages, et en particulier de ses poésies légères, leur donna une valeur qui n’existe plus pour notre époque, et qu’il s’agit pourtant de comprendre et de restituer, si nous voulons être juste à l’égard de leur auteur. Cet à-propos, qui constitue le caractère historique de ses écrits, les rend souvent aussi précieux pour nos annales politiques que pour nos annales littéraires. Telle est la complainte sur la mort du premier duc de Bourgogne, où Christine exprime ses douloureuses prévisions qui ne devaient que trop tôt se réaliser. Cette pièce nous servira de transition à ses documens politiques, dont la publication est le dernier objet de ce travail :

Plourez, Françoys, tout d’un commun vouloir :
Grans et petis, plourez ceste grant perte !
Plourez, bon Roy, bien vous devez douloir ;
Plourer devez voslre grevance apperte !
Plourez la mort de cil qui, par desserte,
Amer deviez et par droit de lignaige,
Vostre loyal noble oncle, le très saige.