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la Rose ; mais remarquons que l’attaque n’est qu’indirecte. Christine, blessée par la calomnie qui a interrompu brusquement ses rapports avec le chancelier Gerson, dit dans son prologue :

Et m’est avis qui veult drois
Y visier, on puet entendre
Qu’à aultre chose veult tendre
Que le texte ne desclot ;
Car aucune fois on clot.
En parabole couverte.
Matière à tous non ouverte
Qui semble estre truffe ou fable.
Où sentence gist notable.

Telle est cette pastorale, qui offre, sous le voile de l’allégorie, la peinture de l’amour consacré par le devoir, en opposition avec cette fureur de voluptés que Jean de Meung décrit avec une inconcevable fécondité de verve cynique dans son poëme allégorique de la Rose. Lorsque nous en viendrons à l’examen de cet ouvrage, ce sera le moment de faire connaître et d’apprécier toute la pensée de Christine sur l’amour chevaleresque, dans les ballades et poëmes moraux qu’elle lui a consacrés. Contentons-nous ici d’en citer les principaux, qui sont : le Duc des vrais amans, dédié à un jeune prince qui avait voulu garder l’incognito ; puis le Débat des deux amans, le Dit de Poissy, le Livre des trois Jugemens, ce dernier adressé au sénéchal de Hainaut, etc.