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Souffrir longuement tel peine ! »
Et cil adonc m’apaisoit
Doulcement, et me baisoit,
Disant : « Ma belle maistrèce.
Pour Dieu ! ceste grant destrèce
Osiez ; car trop il m’en poise !
Il convient que je m’envoise ;
Mais je reviendray briefment.
Ainsi à Dieu vous commant, »
Me disoit cil que baisoie
Cent fois ; et grant dueil faisoie
Au départir, et toute heure
Tant com duroit la demeure.

Elle finit par ces vers, qui nous révèlent les sympathies du moyen âge pour les sentimens tendres et affectueux :

 ...... Amans., priez pour lui ;
Car je vous jur que cellui
Entre les bons est clamé
Vaillant, et des preux amé.

Ce petit poëme est une allégorie dont l’intention morale est de montrer, d’un côté, les véritables sources de poésie que renferme un amour pur et légitime ; de l’autre, le mélange de joie et de peine, de crainte et d’espérance , qui s’attache à cette passion du cœur. Sous deux rapports, le Dit de la Pastoure peut donc être considéré comme une nouvelle réfutation du Roman de