Page:Thomas - Le roman de Tristan, par Bédier, Tome I, 1902.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mutilé comme l’original ses principaux dérivés, a respecté celui-ci : la saga nous est parvenue complète[1], et elle est à tous égards le représentant le plus fidèle que nous ayons du roman de Thomas. Deux éditions en ont été publiées presque simultanément, en 1878 : celle de Brynjulfsson[2] et celle de E. Kölbing[3] ; nous nous sommes servi seulement de l’édition Kölbing.

2o Tristan und Isolde, poème de Gottfried de Strasbourg. Ce roman a été composé (on n’en sait pas mieux préciser la date) dans les vingt premières années du xiiie siècle. Il est resté inachevé, et s’interrompt au vers 19552, à la scène où Tristan délibère s’il épousera Isolt aux Blanches Mains : c’est précisément à cette scène (un fragment de cinquante-deux vers mis à part) que commencent les fragments conservés du poème de Thomas, en sorte que la comparaison directe de Gottfried et de son modèle ne peut porter que sur une centaine de vers. Le poème de Gottfried de Strasbourg a été publié jusqu’à six fois : par C.-H. Müller (1782), par von Groote (1821), par von der Hagen (1823), par Massmann (1843), par Bechstein (3e édition, 1890), par Golther (1889). Il a été traduit trois fois

  1. Pourtant, comme la saga (outre un court fragment du xve siècle) nous est conservée par un manuscrit unique du xviie siècle, il est possible qu’une main moderne ait abrégé le texte par endroits.
  2. Brynjulfsson, Saga af Tristram ok Isönd samt Mörtuls Saga utgivne af det kongelige nordiske Oldskrift-Selskab (Copenhague, 1878).
  3. Die nordische und die englische Version der Tristan-Sage, hgg. von Eugen Kölbing. Erster Theil : Tristrams Saga ok Isondar (Heilbronn, 1878).