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ii. — rivalen et blancheflor

[G 478-521].Kanelangrès chevaucha vers le château avec ses compagnons, et quand ils approchèrent du palais du roi, ils mirent ensemble pied à terre et s’avancèrent vers la salle, en observant toute courtoisie : car ils allaient deux par deux, se tenant par les mains, revêtus de robes précieuses, et, quand ils furent venus devant le roi Marke, ils le saluèrent avec grâce, Marke répondit à leur salut par les paroles qui convenaient à un roi courtois et les fit asseoir, Kanelangrès à son côté, ses compagnons et sa suite à quelque distance, selon la coutume des nobles cours. Puis le roi Marke interrogea Kanelangrès, et le jeune seigneur lui fit connaître avec prudence et sagesse qui il était, pourquoi il était venu dans son royaume spécialement vers lui ; comment son désir était de séjourner en sa cour honorée, pour y apprendre sens, valeur et courtoisie. Alors le roi l’accueillit, lui et ses chevaliers, avec amitié et honneur ; et bientôt ils vécurent à grand’ joie, aimés de tous les hommes de Cornouailles, à la cour de Tintagel[1].

S chap. III.
[E 64-8]
G 523-4.
||* Il y séjournait depuis quelque temps, quand Marke se prépara à tenir sa cour *||. Il envoie ses brefs scellés dans toutes les parties de sa terre et mande aux plus hauts de ses hommes, marquis, ducs et barons, de s’y rendre avec leurs femmes, leurs fils, leurs filles. Quand ils connurent l’ordre du roi, tous suivirent sans délai sa volonté et leur devoir de vassaux et se disposèrent au

    Cette rencontre ne saurait être accidentelle. Or nous savons qu’en maintes occasions Thomas a pris des vers à Wace. Comme il est très invraisemblable que Fauteur de la Folie ait eu la même idée, c’est Thomas qui est l’auteur premier du plagiat, et ces vers figuraient dans son poème.

  1. Tous ces détails sur l’entrée de Rivalen dans Tintagel, qui rappellent tant de scènes analogues de nos romans français, par exemple l’arrivée d’Alixandre et de ses compagnons à la cour d’Arthur dans Cligès, manquent en G, mais il est invraisemblable que frère Robert les ait inventés.