Page:Thomas - Le roman de Tristan, par Bédier, Tome I, 1902.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE ROMAN DE TRISTAN


I. — Prologue.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Dédicace à tous les amants.
Promesse de conter l’histoire en toute vérité[1]
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

  1. Le poème devait s’ouvrir par un prologue où Thomas promettait de rapporter la vraie « estoire », puisqu’il nous dit à la fin du roman :

    Le milz ai dit a mun poeir,

    E dit ai tute la verur,

    Si cum jo pramis al primur…


    Peut-être il y nommait ses modèles, invoquait ses autorités, mettait son public en garde contre les rivaux qui « sunt del cunte forsveié », toutes indications qui eussent pu nous être précieuses. Je suppose aussi, — comme dans le roman de Floire et Blancheflor par exemple — , une dédicace à « tuz les amanz » à cause des doux vers où Thomas, à la fin de son poème, prend congé d’eux. Ce qui semble confirmer cette hypothèse, c’est, comme Lambel l’a déjà remarqué (Germania, XI, p. 495), que Gottfried offre aussi son livre à tous ceux qui aiment (daz lege ich mîner willekür — allen edelen herzen vür, — daz sî dâ mite unmüezic wesen), et que tels passages de son introduction (v. 71-80, 167, ss.) rappellent les vers finaux du poème de Thomas :


    Aveir en puissent grand confort

    Encuntre change, encuntre tort,

    Encuntre paine, encuntre plurs,

    Encuntre tuz engins d’amurs.


    Wan swer des iht vomugen hât,

    dâ mite der muot ze unmuoze gât,

    daz entsorget sorgehaften muot,

    daz ist ze berzesorgen guot.