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d’ailleurs, s’opposait à ces violences et à ces cruautés, quoique les huguenots entretinssent des relations continuelles avec l’Angleterre, l’ennemie déclarée de la France.

— Il fallait bien que les protestants de ce temps se révoltassent, dit M. Lewis, car les catholiques ne leur laissaient aucun repos ; on en voulait à leur vie et à leurs biens.

— Vous ne prouverez jamais que l’Église catholique, par la voix du Pape ou de ses pasteurs, ait ordonné de persécuter qui que ce soit, uniquement parce qu’il était protestant.

— Mais, l’inquisition d’Espagne n’était-elle pas dirigée par des prêtres et des moines de l’Église romaine ? et vous ne nierez pas, j’espère, les atrocités qui se sont commises pendant qu’elle était en vigueur.

— Cette inquisition d’Espagne n’était pas une institution catholique, et pour le prouver, je vous citerai encore des historiens protestants. Voici ce que disent le protestant Rancke et le très protestant Guizot :

L’inquisition espagnole a été, avant tout, une institution politique. Les rois d’Espagne, voyant dans l’hérésie le plus dangereux ennemi de la paix du royaume, la déclarèrent, à ce titre, crime de lèse-majesté ; ne pouvant juger eux-mêmes, ces rois établirent un tribunal ecclésiastique, pour s’enquérir de la foi du prévenu ; après l’avoir interrogé, ce tribunal le renvoyait aux autorités civiles, qui en faisaient ce que bon leur semblait.

Il est vrai que l’on peut blâmer les atrocités commises par cette institution, mais l’histoire prouve que les papes ne les ont jamais approuvées, qu’ils ont toujours essayé de modérer la rigueur et la férocité du caractère espagnol, et que s’ils n’ont pu abolir l’inquisition, c’est qu’elle ne relevait pas de leur pouvoir, étant une institution politique d’un royaume sur lequel ils n’avaient pas de juridiction temporelle.