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sement le don que tu as reçu ; mais si tu dois haïr l’erreur que ton père a embrassée, tu n’en dois pas moins aimer et respecter l’auteur de tes jours : reporte sur lui et sur ta mère l’amour que tu avais pour nous. Souviens-toi toujours que tu dois à ton père, quel que soit l’aveuglement de son esprit, respect et obéissance en tout ce qui n’est pas contraire à la loi de Dieu. Enfin, bien cher enfant, sois toujours fidèle à la prière, ce qui sera ta force et ton soutien. »

La noble dame, épuisée par les efforts qu’elle avait faits pour maîtriser son émotion, n’en put dire davantage, et des larmes abondantes inondaient sa figure, dont le seul aspect inspirait le respect et la vénération.

— Chère bonne maman, dit Gustave, ne vous affligez pas ainsi ; je vous promets de ne jamais oublier les bons conseils et les exemples de vertu que vous m’avez données : je ferai en sorte que vous soyez contente de moi. Si mon père et ma mère le permettent, je viendrai vous voir souvent, sinon, Dieu aidant, je reviendrai à ma vingtième année, soyez-en certaine.

Se dirigeant alors vers la table, il aperçoit un crucifix d’argent et un beau livre doré. Il prend le crucifix en disant :

— Pour vous prouver que je veux tenir ma promesse, je vais vous laisser ce livre que je reviendrai chercher dans cinq ans. Quant à ce crucifix, je l’emporte, il me portera bonheur.

Puis, prenant une plume, il ouvre le livre et écrit sur la première feuille : Je promets, Dieu aidant, de venir te chercher le 6 août 1860. Une larme vint tomber sur la signature comme pour sceller cette promesse.

On annonce, au même instant, l’arrivée de M. le directeur du collège.

Pris à l’improviste et pressés par le court délai qui leur avait été accordé, ni Gustave ni ses grands parents n’avaient pu avertir le bon directeur du départ de son