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sont-ce pas des catholiques ? De plus, je vous dirai que ce n’est pas la première fois que cette remarque m’a été faite, et cette opinion sur les catholiques paraît être générale parmi vous.

Ce qui m’étonne le plus chez vous, Américains, chez un peuple aussi remarquable par la régularité de sa vie, son hospitalité, son caractère doux et affable, ses manières distinguées et son amour pour la religion, un peuple, dis-je, qui donne les mêmes avantages au pauvre qu’au plus aisé, et qui est si jaloux de sa « liberté de jugement » en ce qui regarde le spirituel ; c’est de voir chez ce même peuple cette haine chez les uns et cette antipathie chez les autres, pour tout ce qui est catholique. Pour lui, le catholicisme est une horreur, une infamie qui ne devrait pas exister.

— N’a-t-on pas raison de désirer qu’il en soit ainsi ? dit M. Lewis ; n’est-ce pas ce que le papisme mérite ?

— Pourquoi donc ? reprit Gustave, que trouvez-vous de si horrible dans le catholicisme ?

— Vous m’étonnez, dit M. Lewis ; comprenez-moi bien, je ne veux pas parler du catholique, mais de l’Église papiste. N’avez-vous pas lu assez pour connaître toutes les atrocités commises par cette Église, la terreur qu’elle a répandue parmi les peuples qu’elle a gouvernés ? Ne voyez-vous point dans les récits que nous ont laissés nos pères, que cette Église est la fille de Satan, que le Pape est cet antéchrist annoncé par saint Paul ? N’est-ce pas elle qui a provoqué le massacre de la Saint-Barthélemy, les dragonnades des Cévennes et l’inquisition d’Espagne ? Ces faits seuls suffisent pour nous faire rejeter cette Église avec horreur et désirer son anéantissement complet.

— Pour mieux vous répondre, dit Gustave, j’aurai recours à un exemple, et je vous choisirai pour les principaux acteurs, si vous voulez me le permettre.

— Certainement, parlez, dirent plusieurs personnes désireuses de savoir ce qu’il pouvait répondre à ces graves accusations.