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En entrant dans la maison, Gustave voit sa mère occupée aux derniers préparatifs du départ ; cette vue ravivant en lui les angoisses de la séparation, il se jette dans les bras de sa grand’mère en s’écriant :

— Ah ! bonne grand’maman, il faut donc que je m’éloigne de vous, et peut-être pour ne plus vous revoir !

— Ne parle pas ainsi, mon enfant, il est vrai que tu dois partir, et tu sais que ce départ me cause beaucoup de peine. Je me console cependant par la pensée que tu pourras venir nous voir avant longtemps. Tu sais que ton grand’père et moi, nous avons fait tout notre possible pour te donner une bonne éducation et t’assurer un bel avenir ; nous nous sommes efforcés de faire de toi un bon chrétien et un fervent catholique. Dieu a béni nos efforts et nous sommes contents de toi. Cher enfant, c’est aujourd’hui l’anniversaire de ta naissance, tu as atteint ta quinzième année ; tous les ans, à pareille date, nous étions heureux de te témoigner notre amour par de petits cadeaux ; hier encore, nous avons acheté les objets que tu vois sur cette table. Prends-les, ils seront pour toi un souvenir de cette journée où tu fus enlevé à notre tendresse ; puissent ces souvenirs te faire conserver notre mémoire et te sauvegarder : conserve les bons principes que nous t’avons inculqués, n’oublie jamais Dieu, ta religion, ta famille et ton pays. J’avais espéré te voir grandir avec nous, mais Dieu en a décidé autrement ; cependant mon cœur me dit que tu ne nous oublieras point et que notre souvenir te rendra inébranlable dans ta foi, que tes convictions religieuses ne seront pas atteintes par les efforts que l’on pourra faire pour t’engager à renier la sainte Église dans le sein de laquelle nous t’avons élevé.

« Ton père, tu le sais, a désolé notre vieillesse en reniant sa foi pour se laisser entraîner dans l’erreur. Sois notre consolation, cher enfant, en gardant précieu-