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tiens se confesser publiquement, mais ceci ne prouve pas que, dans certains cas, ces mêmes chrétiens ne se confessaient pas privément aux prêtres d’alors.

— S’il en avait été ainsi, l’Évangile en aurait parlé ; mais, non, il ne dit pas un mot qui nous laisse entrevoir que la confession secrète fût en usage, encore moins la confession aux prêtres ; elle est donc contraire aux desseins de Dieu.

— Et moi, j’affirme qu’elle est conforme aux desseins de Dieu ; j’ajouterai qu’elle est conforme à la raison. Pour le prouver, je me promettrai de vous adresser les questions suivantes : À quoi vous servirait de savoir si tel marchand ne conduit pas ses affaires aussi honnêtement qu’il le pourrait ; que tels jeunes gens, considérés extérieurement comme bons et vertueux, ne sont au fond que des scélérats ? Ces aveux vous rendront-ils meilleur ? Seront-ils propres à vous édifier ? Non, n’est-ce pas ? Ils seraient plutôt un sujet de scandale pour vous, et vous porteraient à détester ou à mépriser ceux qui s’avoueraient ainsi coupables. Non, je le répète, cette méthode ne saurait atteindre le but que Jésus-Christ s’est proposé en instituant le sacrement de Pénitence, car peu de chrétiens se seraient empressés de déclarer leurs péchés au public. Jésus-Christ a voulu que son Église agisse comme une bonne mère qui, tout en corrigeant ses enfants, ne divulgue pas au dehors leurs défauts. C’est en agissant de la sorte qu’elle conserve leur bonne réputation et les fait aimer des autres autant qu’elle les aime elle-même.

— Toute chose a son bon côté, et la confession secrète, quoique mauvaise, peut avoir le sien ; mais, je le répète, elle n’est pas celle que les Apôtres ont enseignée et ordonnée, pas plus celle que les premiers chrétiens ont pratiquée. Elle est donc tout simplement une innovation ou plutôt une invention papiste, un commandement des hommes et non de Dieu.

— Alors soyez assez bon de me dire qui, le premier,