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— Comment cela, s’il vous plaît ?

— Parce que ces hommes qui doivent se confesser souvent n’en continuent pas moins de jurer et blasphémer, et cela à un tel point, qu’ils font dresser les cheveux sur la tête.

— Qui vous a dit, mon père, que ces hommes vont souvent se confesser ? d’après moi, je ne pense pas que le confessionnal les voit une fois par année ; mais, cet Américain qui, pourtant, doit être protestant, ajouta-t-il en désignant leur contre-maître, doit aller à confesse tous les jours suivant votre théorie, car il ne peut proférer une seule parole sans jurer et blasphémer.

— Je m’attends bien que tu vas dire que votre confession est bonne, reprit M. Dumont piqué de la réponse de son fils ; tout ce qui est romain et papiste est bon pour toi. Un bon remède que votre confession ; aussitôt sorti de votre confessionnal, vous vous remettez à pécher de nouveau, même plus qu’auparavant.

— Cela dépend beaucoup de la manière dont est appliqué ce remède, on peut en abuser en s’en servant trop rarement ou en s’en servant mal ; alors le meilleur remède ne peut produire aucun bon effet.

— Applique-le comme tu voudras dit M. Dumont avec dérision, tu n’en tireras rien de bon ; n’ayant aucune vertu, il restera toujours inefficace.

— J’espère, papa, que vous nierez pas que la confession a produit les effets les plus salutaires ; autrement expliquez-moi ce mystère : Comment se fait-il que parmi les catholiques, si l’on voit un caissier de banque qui est honnête, un commis qui ne dérobe point, un ouvrier remplissant consciencieusement sa journée de travail, un serviteur fidèle et dévoué aux intérêts de son maître, une servante respectueuse et respectable, un époux fidèle à son épouse, une mère vertueuse et élevant ses enfants dans la crainte de Dieu, un jeune homme servant de modèle à ses com-