Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
gustave

CHAPITRE XI

la confession.


La distance par eau de Cincinnati à Saint-Louis est de six cent quatre-vingts milles, dont cinq cents par la rivière Ohio et cent quatre-vingts sur le Mississipi. Le trajet se fait ordinairement en trois ou quatre jours ; mais l’eau étant très basse au moment où s’accomplissait notre histoire, onze jours s’écoulèrent pour faire le voyage ; le vapeur ne pouvait continuer sa route pendant deux heures consécutives, sans s’échouer sur une des nombreuses battures que l’on rencontre sur l’une ou l’autre de ces rivières.

Un jour que le vapeur était échoué depuis plusieurs heures, les matelots, épuisés de fatigue, se permettaient de jurer et de blasphémer, parce que le vapeur n’avançait pas. M. Dumont, vexé de ces retards trop souvent répétés, crut devoir railler son fils et lui dit :

— Entends-tu ces catholiques jurer et blasphémer ? On dirait vraiment, à les entendre, qu’ils se sont confessés ce matin. Qu’en dis-tu ?

— Je ne puis partager votre opinion, mon père, répondit Gustave ; car si ces hommes s’étaient confessés ce matin, ils ne blasphémeraient pas ainsi. D’ailleurs, ce n’est pas la religion qu’ils professent qui leur enseigne ou leur permet ces choses.

— Je veux bien croire que la religion ne leur enseigne pas de jurer. Tu dois voir cependant que la confession auriculaire ou secrète, telle que pratiquée dans l’Église romaine, ne produit aucun effet salutaire.