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requête ; donne-leur un pied quelconque, ils ne tarderont pas à te le mettre sur la gorge. De plus, ne vois-tu pas qu’ils craignent que leurs erreurs ne soient mises au grand jour ?

— J’admets qu’ils soient dans l’erreur, reprit madame Dumont ; mais alors tu dois prendre des moyens pour les convertir ; celui que tu adoptes en faisant ces conférences ne me paraît pas bon : les injures et les moqueries ne serviront qu’à les irriter davantage.

— Quels moyens veux-tu que je prenne ?

— Ceux que l’Évangile te donne ; suis l’exemple du divin Sauveur. Comme lui, sois doux, rends un bienfait pour une injure ; prêche surtout par ton exemple et des paroles de paix, et prie pour leur conversion.

Au même instant, un coup frappé à la porte attire leur attention.

— Entrez, dit M. Dumont.

Un monsieur bien mis se présente en disant :

— Ai-je l’honneur de parler au Rév. M. Dumont ?

— C’est moi-même, monsieur, répondit M. Dumont, veuillez vous asseoir.

— Merci, dit le monsieur. Ne voulant pas abuser de votre temps, je vous dirai tout de suite que je suis délégué auprès de vous pour vous prier de revenir sur votre décision de donner ce soir une conférence sur le catholicisme romain.

— Qui représentez-vous ? dit M. Dumont avec un sourire amer.

— Je n’ai pas besoin de vous dire que ce sont les catholiques qui m’ont envoyé ici, répondit le délégué.

— Et quels sont les titres, reprit M. Dumont avec ironie, qui puissent accréditer une pareille demande ?

— Nos titres, monsieur, sont ceux que possède tout honnête citoyen qui veut vivre en paix avec son voisin ; nous, catholiques, ne voulons point que vous insultiez notre religion, nos épouses et nos filles, comme vous l’avez fait dans votre dernière conférence. Si vous aimez un peu la justice, vous devez voir que notre demande est raisonnable.