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— Je ne puis voir sur quoi cette Église peut se baser pour proclamer une telle doctrine, dit madame Dumont ; cependant comme les catholiques regardent Marie comme la Mère de Dieu, c’est peut-être ce qui explique cette nouvelle doctrine.

— Pardon, maman, dit Gustave, cette doctrine n’est pas nouvelle ; il est vrai que l’Église, par la voix du Pape, ne s’est prononcée que dernièrement pour la déclarer dogme de foi ; mais les catholiques ont toujours cru que la Mère de Dieu a été conçue sans péché.

— Ne donne donc pas ce titre de Mère de Dieu à une femme, dit M. Dumont avec force : Dieu n’a pas de mère, étant éternel ; par ce titre tu rends Marie son égale ; c’est une infamie.

— Je m’étonne, cher père, dit Gustave d’un ton respectueux, que vous qui aimez tant Jésus-Christ, parliez avec si peu de respect de sa mère.

— Je lui porte le même respect qu’à toute autre personne d’un rang élevé, comme Jean-Baptiste ou les Apôtres, dit M. Dumont. Marie n’est pas, ne peut pas être la mère de Dieu, et c’est un blasphème que de lui donner ce titre glorieux.

— Veuillez donc me passer mon catéchisme, maman, dit Gustave. Après avoir trouvé la page désirée, il ajoute :

— Mais, mon père, serait-il possible que vous renouveliez l’ancienne hérésie de Nestorius, qui soutenait qu’il y avait deux personnes en Jésus-Christ, savoir, la personne divine et la personne humaine ?

— Nous ne prêtons aucune attention à vos distinctions métaphysiques de personnes ; nous reconnaissons Jésus-Christ comme Dieu et comme homme.

— Permettez-moi de vous dire que votre réponse est très vague. Nous, catholiques, reconnaissons deux natures en Jésus-Christ, mais une seule personne. Or, cette personne est Dieu, et ce Dieu est né d’une vierge ; donc cette vierge Marie est Mère de Dieu.