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craint d’aller secourir un mourant parce qu’il est atteint d’une maladie contagieuse, reprit le vieillard, et belle religion que celle qui abandonne le fidèle à l’époque la plus solennelle et la plus périlleuse de la vie : celle où il doit paraître devant Dieu pour être jugé.

— À quoi lui eût servi ma visite ? dit M. Dumont en rougissant, qu’aurais-je pu faire pour lui être utile ?

— Comment ! toi, un ministre, me demander cela ? dit le vieillard avec chaleur. Ne sais-tu pas ce qu’il faut que tu fasses ? Si tu ne le sais pas, ou feins de ne pas le savoir, je vais te l’enseigner, écoute bien : ce que le bon guide fait lorsque le voyageur est arrivé à l’endroit le plus pénible et le plus périlleux de sa route ; ce que fait le pilote lorsque le vaisseau qu’il dirige doit s’engager parmi les écueils ; ce que fait une bonne mère qui aime tendrement son fils, lorsqu’elle le voit partir seul pour un long voyage. Voilà ce que le ministre de Jésus-Christ doit faire pour le mourant.

— Et lui donner l’extrême-onction, je suppose ? dit M. Dumont avec ironie.

— Oui, certainement, c’est le remède le plus fortifiant, et celui qui prépare le mieux le malade pour le grand voyage de l’éternité.

— Hé ! hé ! hé ! quelle superstition, s’écria en riant M. Dumont ; encore une invention de Rome, une abominable idolâtrie.

— À ton argument ridicule, n’ajoute donc pas la dérision. De plus, cesse ton unique objection ; il ne faut pas jouer ainsi avec les choses saintes. Ne méprise pas un sacrement que les Apôtres eux-mêmes ont administré, et qui a continué de l’être par leurs successeurs.

— Vous allez trop loin ; vous ne prouverez jamais votre assertion ni par la Bible, ni par les pratiques chrétiennes des cinq premiers siècles.

— Il me fait peine de te voir aussi ignorant dans la