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son père. Un silence long et solennel s’ensuivit.

Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi. Enfin, M. Williams, comme pris d’une résolution subite, tend ses bras vers Emily et lui dit :

— Viens dans mes bras, ma bien-aimée. Oui, chère fille, je t’approuve dans ta résolution de te consacrer à Dieu, et dans ta promesse d’embrasser la religion catholique. Moi aussi, je veux faire partie de cette Église qui procure tant de bonheur. Toute autre religion n’est qu’illusion et vanité.

— Et moi, dit Arthur avec émotion, je veux imiter ma noble sœur. Je vais entrer dans un séminaire pour apprendre à connaître cette religion sainte : puis, si Dieu m’accorde cette faveur, je dévouerai ma vie pour le salut de ces pauvres enfants de la forêt, qui ne sont aussi cruels que parce qu’ils ne connaissent pas mieux.

Mais, je m’arrête, je craindrais, dans le cas contraire, avoir à enregistrer la perte de l’un ou de l’autre de ces êtres excellents, de ces âmes d’élite que l’on rencontre si rarement sur cette terre. Le bonheur parfait existe et se trouve seulement avec Dieu dans la patrie céleste.

Je vois le sceptique et quelques savants se rire de la pensée, ou plutôt de la vérité exprimée dans cette dernière ligne. À leur sourire, je répondrai avec cet illustre philosophe, plus savant que le plus savant d’entre eux. Voici ce qu’il dit :

Le principe de continuité, fondement de la science moderne, exige la continuation des choses, puisque rien n’est anéanti.

La continuation des choses, scientifiquement démontrée impossible dans l’univers actuel, qui doit nécessairement finir, exige un univers invisible qui lui succède.

Donc, le principe fondamental de la science moderne exige et prouve l’existence de l’univers invisible, d’une vie future qui continue la vie actuelle de l’homme.

Une lumière infaillible, la conscience morale, l’idée