Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
gustave

sauvages, voyant leur chef prisonnier, vont peut être renoncer à leur attaque.

En effet, les fascines sont arrêtées dans leur mouvement, les cris et les hurlements cessent, les flèches sont remises dans leurs carquois, et tous les sauvages se dirigent vers quelques chefs assemblés en conseil.

Aigle-Bleu, la honte et la rage dans le cœur, lance des regards de bête fauve sur ses ennemis ; il menace de sa vengeance le commandant et ses soldats ; M. Pepin, surtout, est l’objet de ses injures. Il se tourne et se retourne pour se débarrasser de ses liens.

Peines inutiles, efforts impuissants, la main qui les a attachés était trop habile.

Une heure se passe, et les sauvages sont encore à délibérer… Enfin trois d’entre eux se détachent du groupe et se dirigent vers le fort.

Le commandant les laisse approcher assez près pour se faire entendre et leur demande ce qu’ils veulent.

— Nous voulons avoir notre jeune chef, répond l’un d’eux.

— Et je veux que vous me rendiez mon fils, ajoute le plus âgé.

— Aigle-Bleu est mon prisonnier, répond le commandant, et je le garderai comme otage tant que Blanche-Colombe et le Français ne seront pas rendus au fort Leavenworth. Sa tête répondra de leur vie et de leur sûreté pendant leur voyage. De plus, tenez-vous pour avertis que si quelque malheur leur arrive, non seulement le corps de Aigle-Bleu sera suspendu à une des tours de ce fort, mais encore je vous poursuivrai partout, et ces canons, que vous voyez sur ces murs, vous donneront la chasse et ne cesseront de tonner que lorsque le dernier de votre tribu aura cessé de vivre. Vous m’avez compris, allez et décidez ce que bon vous semblera.

Les délégués retournent et font connaître la décision du commandant. Les cris et les hurlements se