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le départ d’une de mes compagnies pour le fort Laramée, afin de vous servir d’escorte. Là, mon confrère colonel en fera autant pour vous conduire au fort Leavenworth où vous n’aurez plus rien à craindre. Ainsi, dans trois semaines tout au plus, vous serez à Saint-Louis. Je dois ajouter, mademoiselle, que mon épouse sera heureuse de vous servir et d’être votre compagne pendant votre séjour ici. Mais qu’entends-je ? La sentinelle vient de donner le signal d’alarme ! Excusez-moi, je cours voir ce que c’est.

Emily et M. Pepin avaient tressailli en entendant le coup de carabine tiré par la sentinelle. Ils savaient trop bien ce que ce signal voulait dire.

— Aigle-Bleu et ses sauvages ! crie-t-on de toutes parts.

Ils sortent tous deux et se dirigent vers une des meurtrières du fort ; les soldats sont déjà à leurs postes ; les dix canons sont prêts à lancer la mitraille.

Tous, officiers et soldats, n’attendent plus que l’ordre du commandant pour jeter le fer et le plomb sur au delà d’un millier de sauvages montés sur des chevaux et armés de fusils, de haches de guerre et de flèches, et tous poussant des cris et des hurlements féroces.

Emily a remarqué Aigle-Bleu par sa haute stature et ses regards farouches ; elle tremble de tous ses membres et craint l’issue du combat qui va s’engager. Le grand nombre des ennemis lui fait prévoir la destruction du fort et de ses défenseurs.

— Ne craignez point, lui dit M. Pepin, ces canons vont vite les disperser ; mais voici Aigle-Bleu qui s’avance, voyez, il a attaché un linge blanc au bout de sa carabine ; il veut parlementer, je suppose. Allez auprès de l’épouse du commandant ; il ne faut pas qu’Aigle-Bleu vous aperçoive.

— Halte, crie la sentinelle, auprès de laquelle se trouvait le commandant.

Aigle-Bleu avance toujours sans tenir compte de cet ordre.