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— Vous les connaissez ? demande Emily d’une voix anxieuse.

— Oui, mademoiselle, j’ai eu le plaisir de les rencontrer plusieurs fois à la ville du Lac-Salé, ainsi que ce jeune Gustave auquel je dois tant de reconnaissance. Quelle joie ils vont éprouver en vous voyant, vous qu’ils pleurent comme morte, eux qui ne pouvaient penser à vous ou parler de vous sans verser des larmes amères ! Quel bonheur pour eux tous ! Je remercie Dieu d’être tombé entre les mains de ces sauvages qui vous retenaient prisonnière. Au moment même où, en voyant ce poignard dirigé par vous vers ma poitrine, je pensais tout fini pour moi, je suis sauvé par vous, et, à mon tour, je puis vous servir à retrouver vos bons parents.

— Les pensez-vous encore en cette ville ?

— Je ne le crois pas ; je sais seulement que M. Dumont et son fils devaient partir sous peu pour Saint-Louis. Quant à votre père, il attendait une occasion favorable pour vendre sa propriété, pour quitter cette ville et abandonner cette secte dont il était dégoûté.

— En ce cas, ils sont peut-être retournés en Angleterre, dit Emily, et comment ferai-je ?…

— Comment vous ferez ? dit vivement M. Pepin ; vous puiserez dans ma bourse qui, Dieu merci, est assez bien garnie. Ainsi, je vous prie de ne pas avoir d’inquiétude à ce sujet.

— Je vous remercie, monsieur, Dieu seul pourra vous le rendre.

— N’est-ce pas à moi plutôt de vous remercier ? À l’heure actuelle, où serais-je ? je frémis à cette seule pensée. On serait à me torturer, à inventer les plus cruels supplices pour me faire souffrir, et vous parlez de remerciements, à moi qui vous dois plus que la vie ?

Ce commandant était chrétien ; des larmes étaient tombées de ses yeux pendant le récit d’Emily.

— Oui, dit-il, je vois dans votre délivrance la sainte protection de Dieu. Comptez sur moi, je vais hâter