mon ravisseur était le fils du grand chef de la tribu ; que cette jeune Indienne était sa fiancée avant mon arrivée. Surprise, je lui demandai pourquoi elle m’avait prodigué des soins aussi tendres, ajoutant que ma mort aurait fait disparaître sa rivale.
— Ma sœur ne comprend pas, me répondit-elle, je sais qu’elle n’aime pas Aigle-Bleu ; aussitôt qu’elle sera bien, elle pourra s’évader et rejoindre ceux de sa race.
« Elle n’avait pas fini de parler que je l’embrassai à plusieurs reprises, et je lui demandai de m’aider à recouvrer la liberté pour rejoindre mes parents.
« Elle me le promit et, dès lors, nos courses à travers les bois et dans les prairies commencèrent, tantôt à cheval, quelquefois à pied, afin de recouvrer mes forces ; l’appétit revint et, avec elle, le courage et l’espérance de réussir.
« Nous avions beau épier une occasion favorable, il ne s’en présentait point. Dieu avait ses desseins, il me fallait un guide pour me conduire ici, où je n’aurais plus à craindre de la part de ces sauvages. Seule, qu’aurais-je fait ? Une fois hors de leur atteinte, où aurais-je dirigé mes pas ? Dieu permit que ce monsieur fût fait prisonnier par celui-là même qui voulait me rendre son esclave, et…
— Pardonnez-moi, si je me permets de vous interrompre, mademoiselle, dit M. Pepin, la figure rayonnante de joie. C’est à moi que vous avez sauvé la vie, en coupant ces liens qui me retenaient à cet arbre ; c’est vous qui m’avez sauvé de la mort la plus horrible, de la torture la plus cruelle ; vous avez même songé à ma liberté en mettant un coursier à ma disposition. Et qu’ai-je fait pour vous ? Je suis trop heureux de pouvoir vous être utile : ne m’épargnez pas, tout ce que je possède en biens de ce monde sera employé, s’il le faut, pour vous faire retrouver votre père, et vos bons frères que j’ai eu…