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— À présent, monsieur, dit Emily, c’est à vous de me protéger ; je me confie à votre honneur et à votre loyauté. Vous devez connaître ce pays mieux que moi, à vous de prendre la direction du fort le plus rapproché. Vite, partons, il y va de votre vie et de la mienne ; le moindre retard peut nous être fatal.

M. Pepin réfléchit et regarde autour de lui pour reconnaître quelques points saillants.

— Suivons cette direction, dit-il.

Alors tous deux lancent leurs chevaux au galop ; mais M. Pepin, craignant pour Emily, commence à ralentir sa course.

— Piquons, piquons plus fort, dit Emily ; ne craignez pas pour moi, je suis habituée à la course. Les sauvages ne tarderont pas à être sur nos pistes.

Ils piquent plus fort et les chevaux dévorent l’espace ; les heures succèdent aux heures… les vallées aux montagnes, les unes et les autres sont passées ; cependant, leurs montures, habituées à ce genre de course, semblent redoubler d’ardeur.

Enfin l’aurore paraît. M. Pepin, ayant pu s’orienter, s’écrie avec joie :

— Encore quelques minutes, et nous aurons atteint un fort situé au delà de cette montagne.

— Dieu soit loué, dit Emily.

— Pourrais-je vous demander, mademoiselle, reprend M. Pepin, comment il se fait que vous soyez dans ce pays, et surtout parmi une tribu de sauvages ? Serait-ce trop me hasarder que de vous demander votre nom ?

— Mon nom est Emily Williams.

— Emily Williams, dites-vous ?

— Oui, monsieur.

— Ciel ! quel bonheur ! s’écrie M. Pepin ; mais nous voici au fort ; entrons : voyez, on s’est aperçu de notre, arrivée, la porte s’ouvre pour nous recevoir.

Ils entrent dans le fort, où ils sont reçus à bras ouverts par le commandant, qui les fait asseoir à sa