Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
gustave

mais il les ouvre aussitôt, quelque chose de froid lui a causé un frissonnement dans toute sa chair ; il aperçoit une lame d’acier, fine, brillante qui s’avance… s’avance lentement vers sa poitrine ; son sang se glace dans ses veines et il fait un effort pour se dégager, mais il le réprime aussitôt et se dit :

— Une âme compatissante veut m’épargner la torture et en finir tout de suite avec moi.

Il ferme les yeux de nouveau avec la certitude que dans un instant tout sera fini.

Mais… ô bonheur… le poignard a coupé les liens et ses mains sont libres, le poignard tombe tout près de lui.

Il le ramasse promptement, et une seconde suffit pour dégager ses pieds de leurs entraves.

— Suivez-moi et gardez ce poignard, souffle une voix mélodieuse.

Le prisonnier, qui n’était autre que M. Pepin que nous avons connu à la ville du Lac-Salé, s’empresse d’obéir et se retourne pour suivre son sauveur.

Alors une ombre aux formes gracieuses, couronnée d’une chevelure d’un blond doré, tombant en larges tresses et flottant autour d’une taille svelte et élégante, se présente à sa vue. La grâce et la légèreté de ses mouvements excitent sa surprise et son admiration.

M. Pepin ne peut en croire ses yeux. Il voudrait parler, mais son guide lui fait signe de garder le silence. Malgré l’agilité et la force dont il est doué, c’est avec peine qu’il peut la suivre : il lui semble qu’elle vole, tant sa course est rapide.

— C’est vraiment extraordinaire, se dit-il, et je ne sais que penser ; mais il est arrêté court dans ses réflexions. Son guide vient de monter sur un cheval équipé pour la course.

Un autre cheval est à côté, elle lui dit de s’en emparer.

Il se hâte d’obéir.