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visage-pâle, afin qu’elle hérite de ta haine contre ceux de sa race, et qu’avec moi elle devienne digne de ta renommée et de ton nom. »

Le vieux chef se lève, sur sa figure se lisent la joie et l’orgueil causés par la harangue de son fils.

En le voyant se lever, les sauvages témoignent beaucoup de respect par leur attitude.

Après avoir promené ses regards sur l’assemblée, le vieux chef dit à son fils :

— Fils, tes paroles sont belles comme les fleurs et tes conseils doux comme le miel. Oui, il sera fait comme tu le demandes. Le prisonnier subira la torture dès le lever du grand astre et la Blanche-Colombe sera ta femme, elle sera ma fille. » Puis, se tournant du côté de son voisin, il ajoute :

— Va, Ours-Blanc, apporte-nous de l’eau de feu (whiskey), nous boirons pour faire circuler la joie dans nos veines et nous enivrer d’avance des plaisirs de demain.

Ours-Blanc se lève et se dirige vers le camp pour exécuter l’ordre qu’il venait de recevoir. Une ombre se glissait au même instant dans les hautes herbes en évitant tous les points découverts et entrait dans une tente plus grande et plus belle que les autres.

C’était une jeune Indienne aux traits doux et réguliers.

Une autre jeune fille vient à sa rencontre en lui disant :

— Qu’avez-vous à m’apprendre, Indianola ?

— De bien tristes nouvelles. Le grand chef et son conseil viennent de décider que demain, à l’aube du jour, vous serez la femme de votre ravisseur, « Aigle-Bleu, » et que vous devrez le suivre à son « wigwam. » Ils veulent encore que vous soyez la première à torturer un visage-pâle qu’ils viennent de faire prisonnier.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! que faire ? dit la jeune fille avec désespoir.