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prisonnier, en lui lançant des regards de haine et de vengeance. Ses bras musculeux se rejettent en arrière, comme mus par un ressort électrique ; puis, se tournant du côté du plus âgé des chefs, il lui dit :

— Père, ta langue n’a jamais prononcé le mensonge et tu n’as jamais parlé en vain ; tes bras se sont toujours levés pour écraser le visage-pâle ; tu n’as jamais demandé ou accordé de grâce. Voilà pourquoi ton nom est respecté par tes ennemis, qui te craignent : il te suffit de parler ou de te montrer pour les mettre en fuite.

« Tu vois là, devant toi, un de tes plus grands ennemis. Pourquoi vient-il te troubler dans tes domaines ? Je le sais, il n’est que l’avant-coureur de ceux de sa race qui veulent t’enlever tes terres, tes bois et ta liberté, qui veulent te refouler toi et les tiens jusqu’à la grande mer ou te mettre sous leurs pieds comme l’esclave.

« Celui-ci va-t-il réussir dans ses desseins ? non, il est en ton pouvoir ; c’est à toi de le fouler à tes pieds, à toi de lui appliquer la torture.

« Ordonne donc que son corps soit percé de flèches, que des fourches de feu labourent ses chairs, et que cette torture soit lente et cruelle, afin de mieux rassasier ta vengeance.

« Père, tu m’as dit : Aussitôt que la Blanche-Colombe pourra cueillir des fleurs dans la prairie ; aussitôt qu’elle pourra courir comme le chevreuil dans les bois, que la médecine aura fait couler le sang dans ses veines, je te la donnerai pour femme, je la prendrai pour ma fille.

« Tu sais que ce temps est arrivé, tu l’as vue et tu as été émerveillé de la couleur de ses joues, tu as été ébloui de la blancheur de son teint, de l’agilité de ses membres et de la grâce de ses mouvements. Ordonne donc qu’elle devienne ma femme ; que demain elle me suive à mon wigwam (tente) ; ordonne encore que la première flèche soit lancée par elle sur ce