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à l’égard de Clara, et je sais encore que c’est par délicatesse de votre part que vous n’avez pas voulu prétendre à une union avec elle. Vous savez de plus que plusieurs aspirent à sa main, et tous, quoique de familles riches et influentes de cette ville, ont été refusés. Il m’est inutile de vous dire pourquoi. Eh bien ! venons-en à la question tout de suite. Madame Lewis et moi, connaissant vos qualités, voulons vous l’offrir comme épouse.

Gustave, surpris de cette proposition à laquelle il s’attendait si peu, se lève et regarde fixement M. Lewis sans pouvoir proférer une parole.

Voyant qu’il gardait le silence, M. Lewis reprend d’un ton amical :

— Avez-vous des objections à la proposition que je viens de vous faire ? C’est vrai, j’aurais dû sonder votre opinion avant de faire une pareille demande.

— Je serais trop heureux d’avoir votre demoiselle pour épouse, dit Gustave. Mais y pensez-vous, monsieur ? sa positon… et la mienne.

— Ne parlez pas de position ou de condition, dit M. Lewis joyeux ; je serai trop heureux de pouvoir vous appeler mon fils.

— Mais, monsieur, mademoiselle Clara vou…

— Ma fille sera heureuse de vous confier son bonheur, dit M. Lewis en l’interrompant. Si c’est là votre seule crainte, tout va s’arranger. Se tournant alors du côté de madame Lewis, il ajoute : Faites donc venir notre fille.

Celle-ci entre au salon un instant après.

— Viens ici, chère fille, dit M. Lewis en l’embrassant. Ce méchant Gustave veut savoir si tu l’acceptes pour époux.

La rougeur qui couvre la figure de Clara et la joie qui brille dans ses yeux disent combien cette demande lui est agréable, et, pour toute réponse, elle se jette dans les bras de sa mère.