Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
gustave

vous revoir ; je vous assure que votre visite va leur causer un grand plaisir.

— Oui, et quel bonheur pour moi de les revoir, dit Gustave ému ; vous ne savez combien j’ai hâte d’être rendu auprès d’eux pour leur dire que je ne les ai pas oubliés un seul instant. Comment sont les amis, nos compagnons de collège ?

— Tous assez bien, et Edmond lui raconte tous les incidents qui se sont passés : Adolphe a embrassé l’état ecclésiastique, Édouard étudie la médecine, Charles étudie le droit, et ainsi de suite.

La cloche du vapeur sonne, et nos amis se séparent après s’être dit adieu et s’être souhaité réciproquement un heureux voyage.

Le vapeur part et est bientôt hors de vue.

Gustave lève les yeux vers le ciel en disant :

— Mon Dieu, vous avez bien tout prévu ; vous avez même permis qu’un bon ami se trouvât sur mon passage pour me donner des nouvelles de mes bons vieux parents, tout en contribuant à une partie de mon passage. Merci, mon Dieu, de votre paternelle protection.

Le lendemain, sur les huit heures, il débarque à Ogdensburgh et monte à bord du « Welland, » en destination de Montréal. Il se rend au bureau du commis, paie le coût du passage et se dit : il me reste encore vingt-deux piastres, le même montant que j’avais en partant de Saint-Louis. Pas si mal après tout.

Pendant le trajet, il ne cesse de marcher, tout en se livrant à des pensées qui le remplissent de joie.

Dans quelques heures, se dit-il, je vais revoir ces bons parents qui m’ont si bien élevé et qui verront avec plaisir que j’ai rempli ma promesse. Demain est le 6 août, demain j’aurai vingt ans et demain j’aurai rempli ma promesse. Mais, ajoute-t-il en soupirant, j’en ai encore une à remplir et c’est la plus importante. Ah ! que je serais heureux si mon père, ma mère et ma sœur étaient avec moi en ce moment !