et je profiterai de l’occasion présente pour vous dire que je ne puis rester ici plus longtemps. Vos travaux sont assez avancés pour ne pas souffrir de mon absence ; vos ouvriers peuvent les terminer sans moi. Vous devez vous être aperçu que je m’ennuie beaucoup depuis le départ de mon fils… et j’ai hâte de rejoindre ma famille.
— J’en ferais autant à votre place, monsieur, et ce n’est pas moi qui m’opposerai à votre départ pour rejoindre votre famille. Une caravane doit partir dans deux jours ; vous pourrez la suivre si vous le désirez.
M. Dumont, le cœur plus léger, se rend chez le quartier-maître et règle de compte avec lui. Le soir, il commence les préparatifs du départ.
Avant de se mettre au lit, il se jette à genoux et, les mains levées vers le ciel, il s’écrie d’une voix suppliante :
— Pardonnez-moi, mon Dieu, de vous avoir méconnu et offensé pendant de si longues années. Vous avez puni ma volonté rebelle lorsque, quittant votre Église, j’ai voulu m’exempter des devoirs et des bonnes œuvres qu’elle impose à ses enfants. Oui, je vous promets d’en finir avec cette conduite coupable ; je vais rejoindre mon épouse et ma fille que j’ai si lâchement abandonnées. Ne me traitez pas, je vous en conjure, avec toute la rigueur que mérite ma conduite ; pardonnez-moi comme fut autrefois pardonné l’enfant prodigue à son retour à la maison paternelle. Oui, mon cœur me dit d’avoir cette douce espérance, car si vous avez permis que mon fils m’ait suivi, c’est parce que vous vouliez vous servir de lui comme de l’instrument de votre miséricorde, pour me ramener à vous, et me faire sortir de l’abîme dans lequel je m’étais plongé par mon orgueil, mes égarements, et ma volonté rebelle, qui ne voulait plus vous obéir. Bénissez-moi dans la résolution que je viens de prendre ; ayez soin de mon fils et conduisez-le sain et