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gustave

me faut attendre… eh bien ! à la grâce de Dieu.

Il s’apprête à débarquer, mais aussitôt cette voix mystérieuse l’arrête :

« C’est sur ce vapeur que tu dois rester. Ta grand’mère t’attend. »

Il hésite… les câbles se détachent, le vapeur tourne sur lui-même ; alors il se rend au bureau et demande le coût du passage.

— Douze piastres, répond le commis.

Il tire cette somme, et la donne ; mais le commis lui demande s’il ne pouvait lui aider à faire l’entrée de la quantité et la qualité des marchandises à bord.

— Avec grand plaisir, répond Gustave ; veuillez me montrer tout de suite ce que j’ai à faire.

— Attendez après le souper, dit le commis en souriant ; reprenez votre argent, et venez avec moi, je vais vous donner une cabine pour y déposer vos effets.

Il entre dans sa cabine et se jette à genoux.

— Oui, mon Dieu, dit-il dans sa prière, vous voulez que j’aille voir mes vieux parents, ces bons vieillards qui m’ont élevé en m’apprenant à vous aimer et à vous servir. Veuillez me protéger pendant ce voyage.

L’homme ne sait jamais ce qui l’attend le lendemain, se disait-il un peu plus tard. Ce matin, j’entrais dans cette ville, le cœur léger et joyeux, pensant bien embrasser ma mère et ma sœur, et voilà que je vais m’en éloigner plus que j’en étais au fort Laramée.

L’homme propose, la fortune semble lui sourire, ses rêves d’ambition sont sur le point de se réaliser ; ses affaires prospèrent, mais voilà des événements imprévus qui déconcertent ses projets, ou les revers viennent tout briser.

Rendu à Cincinnati, le commis lui remet la somme de huit dollars. Après l’avoir remercié, Gustave débarque et se rend à la gare.

Un train devait partir sous peu pour Cleveland, ville située sur les bords du lac Érié. Il achète son billet et bientôt la locomotive fuit à travers l’État de