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l’ai laissé au… Mais il se tait tout à coup en se rappelant la promesse faite à son père.

— Vous l’avez laissé où, dites-vous ?

— Ne me le demandez pas, je vous prie ; je lui ai promis de ne pas le laisser savoir.

— Pourquoi donc ? Pour quelle raison veut-il cacher sa résidence… ?

— Je ne puis le dire, dit Gustave en hésitant.

— Je comprends, et je respecte votre décision à remplir votre promesse, mon cher Gustave, dit M. Lewis avec bonté. Je regrette cependant cette détermination de votre père, qui doit vous causer beaucoup de peine, et il vaudrait mieux ne pas le faire connaître pour le moment à votre bonne mère et à votre sœur.

— Sont-elles en cette ville, monsieur ?

— Sans doute. Votre mère demeure avec nous, et Alice est avec ma fille au couvent.

— Et comment sont-elles ? Comment est madame Lewis, et votre charmante fille, mademoiselle Clara ? Pardonnez-moi, monsieur, si je ne vous l’ai pas demandé plus vite… J’oubliais…

— Ne parlez pas de votre oubli ; vous n’avez pas manqué ; c’est moi qui, en vous posant ces questions au sujet de votre père, ne vous ai pas donné le temps de penser à elles. Madame Lewis jouit d’une assez bonne santé, ainsi que votre mère ; cependant le chagrin de cette séparation se lit sur sa figure pâle et amaigrie depuis votre départ. Votre sœur Alice pleure souvent lorsque, durant ses heures de congé, elle vient nous voir. Ce qui les ranime quelque peu, c’est la pensée de vous voir revenir avec votre père. Elles me disaient, hier encore, qu’elles espéraient vous voir tous les deux au commencement de septembre.

— Que vont-elles dire ou penser de me voir sans mon père ? dit Gustave avec angoisse.

— La première question qu’elles vont vous poser