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vais revoir ma mère et ma sœur. Quelle surprise pour elles !

Enfin le vapeur s’engage dans le Mississippi. Une demi-heure plus tard, il aperçoit la ville tant désirée.

Lorsque Gustave eut terminé son travail, le capitaine lui donna douze piastres en lui disant de venir le trouver s’il avait besoin de quelque chose. Gustave le remercie et se dirige vers la demeure de M. Lewis.

Il n’avait fait que quelques pas lorsqu’une pensée subite l’attriste.

— Ah ! se dit-il, dans ma joie, je n’ai pas eu l’idée que maman et ma sœur sont dans l’État du Vermont où demeure mon grand-père maternel. Qui sait ? Elles y sont depuis longtemps peut-être, puisque ma mère devait s’y rendre avec Alice… Je peux toujours aller voir mon bienfaiteur.

Une autre pensée vient ajouter à son trouble et il s’arrête.

— J’ai presque honte de me présenter devant cet homme si généreux, ce monsieur qui m’a témoigné tant d’intérêt, qui a été si bon pour moi. Que va-t-il dire de mon père et de sa conduite déloyale ? et que pourrai-je répondre ? Mieux vaudrait ne pas le voir… Mais… enfin je n’ai pas à rougir de mes démarches… ma mère doit lui avoir tout expliqué. Oui, je vais me rendre à son bureau ; il ne peut, après tout, penser mal de moi, et si ma mère et ma sœur ne sont pas en cette ville, il ne me refusera pas les renseignements nécessaires pour les trouver.

Il se dirige vers le bureau de M. Lewis qui, en l’apercevant, s’empresse de venir au-devant de lui et de lui serrer la main :

— Je suis heureux de vous voir, mon cher Gustave, lui dit-il. Comment est votre père ? Je suppose qu’il est avec vous ?

— Non, monsieur, dit Gustave en rougissant, je