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prêtre aux yeux de ceux qui ne le connaissent pas ? reprend M. Pepin. Pourquoi lui jetez-vous l’insulte et la calomnie à la face ? Serait-ce parce que le prêtre est, de tous les hommes, celui qui se rapproche le plus de notre divin Sauveur ? Si je me suis permis ces questions, ajoute-t-il en s’adressant à M. Dumont, c’est parce que vous avez été catholique assez longtemps pour connaître le prêtre.

Mais M. Dumont s’était déjà éloigné, craignant d’être humilié davantage, et la conversation roula sur d’autres sujets.

Comme on allait se séparer, M. Pépin, s’adressant à Gustave, lui dit :

— Avant de vous quitter, jeune homme, laissez-moi vous féliciter pour la défense que vous prenez de notre sainte Église et de ses pasteurs. Dieu vous en tiendra compte. Depuis que j’ai quitté le Canada, il y a une douzaine d’années, j’ai beaucoup voyagé et j’ai manqué souvent à mes devoirs de chrétien et de bon catholique ; mais j’aime la sainte religion dans laquelle j’ai été élevé. Oui, sachez-le bien, le Canadien errant dans ce pays, à part quelques rares exceptions, pense toujours à son clocher et au prêtre qui l’a baptisé. Avec vous et en votre compagnie mes anciens souvenirs se sont présentés et renouvelés, et ce qui me fait le plus de peine, c’est de vous quitter, peut-être pour ne plus vous revoir. Adieu, mon jeune ami, n’oubliez pas de prier pour ce pauvre voyageur que vous avez rencontré seul et délaissé dans cette prairie, où je me croyais perdu à jamais. Mais je me tais.

Et des larmes vinrent mouiller ses paupières.

— Au revoir, monsieur, dit Gustave ému ; soyez assuré que je serai très heureux de vous revoir.

— Nous aussi, dirent M. Dumont et M. Williams. Dieu vous protège, et bon voyage.

— Bon voyage, répètent Gustave et ses deux amis.