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le souffle de l’esprit de Dieu ; elles défient l’intelligence de l’homme.

Le magistrat de Berlin, dans une adresse au roi de Prusse, disait au nom du protestantisme berlinois :

L’Écriture et les livres symboliques sont des témoignages sur le travail de formation du christianisme, des œuvres purement humaines ; là ne réside point la vérité absolue.

Enfin le professeur Schœrer, de Genève, appelle les saintes Écritures une ventriloquie cabalistique.

Voilà l’œuvre de la libre interprétation, messieurs. Pourtant, ceux que je viens de citer sont des hommes intelligents. S’ils diffèrent, que doit-on attendre de ceux qui ne le sont pas à un assez haut degré, ou des ignorants qui ne peuvent même pas lire la Bible ?

— Et les prêtres de l’Église romaine s’arrogent cette autorité pour se permettre de vivre dans le luxe et la paresse, dit M. Dumont, irrité des solides arguments de son adversaire.

— Vous dites, mon père, que le prêtre vit dans le luxe et la paresse ? dit Gustave. Vous connaissez mieux que cela. Trouvez-moi un homme qui travaille plus que le prêtre. Écoutez ce que dit Lamartine :

Il y a un homme dans chaque paroisse qui n’a pas de famille, mais qui est de la famille de tout le monde ; qu’on appelle comme témoin, comme conseil, ou comme agent dans tous les actes solennels de la vie ; sans lequel on ne peut ni naître, ni mourir ; qui prend l’homme au sein de sa mère et ne le quitte qu’à la tombe ; qui consacre et bénit le berceau, la couche conjugale, le lit de mort et le cercueil ; un homme que les petits enfants s’accoutument à aimer, à vénérer et à craindre ; aux pieds duquel les chrétiens vont répandre leurs aveux les plus intimes, leurs larmes les plus secrètes ; un homme qui est le consolateur par état de toutes les misères de l’âme et du corps ; l’intermédiaire obligé de la richesse et de l’indigence ; qui voit le pauvre et le riche frapper tour à tour à sa porte ; le riche pour y verser l’aumône