Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
gustave

versation finit par tomber sur les doctrines du mormonisme.

— La plus ridicule de toutes, à mon point de vue, dit M. Dumont, est celle du mariage spirituel.

— Le mariage spirituel, dit George, qu’est-ce que cela ?

— Un mariage au figuré, répond Arthur en souriant.

— Oui, un mariage au figuré, contracté en réalité, dit Gustave.

— C’est cela, dit M. Dumont ; le mariage spirituel veut dire qu’un homme peut épouser autant de femmes qu’il voudra pour les avoir avec lui dans le ciel après sa mort. Ainsi un homme ayant une ou plusieurs femmes ici-bas, doit, s’il veut les avoir avec lui dans l’autre monde, les épouser spirituellement ; dans le cas contraire, elles iront avec celui qui aura pris l’avance.

— Le mariage temporel ne suffit donc pas ? demande M. Pepin.

— Non ; il arrive même souvent qu’un homme épris d’une femme se marie spirituellement avec elle, si elle ne l’est déjà avec son époux temporel, et tous deux ont la consolation de savoir qu’ils jouiront du bonheur conjugal dans le ciel. Aussi, nous voyons dans cette ville des femmes mariées temporellement à un homme et spirituellement à un autre.

— Et je dois ajouter, dit M. Williams, que, d’après leur croyance, plus un homme aura de femmes spirituelles, plus il sera glorieux dans le ciel.

— C’est ce qui explique le grand nombre de ces mariages, dit George, et l’empressement que plusieurs mettent à les contracter.

— Cela n’empêche pas que d’autres ne veulent pas de ce mariage, dit Arthur ; ils trouvent qu’ils en ont assez d’être mariés temporellement, et que le plus tôt ils seront débarrassés, le mieux ce sera pour eux.

— Et ceux qui contractent ces mariages, me paraissent bien gourmands, dit Gustave ; il est vrai, cepen-