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Église, à laquelle il a donné un chef et des pasteurs pour la maintenir et la guider ; mais moi, je ne reconnais pas cette Église, ou ce chef ou ces pasteurs, et pourquoi ? parce que ma volonté me dit que cela n’est pas nécessaire. Un autre dit : Il est vrai que presque tous ceux qui lisent la Bible reconnaissent la divinité de Jésus-Christ ; mais ma raison refuse de reconnaître un Dieu dans le Messie, et c’est à ma raison que j’obéis. Un troisième dit : Il est vrai que Jésus-Christ et ses apôtres ont pratiqué et enseigné la nécessité des bonnes œuvres pour obtenir le salut, mais ma volonté se révolte à cette pensée, et c’est à ma volonté, qui me dit que le divin Sauveur a tout expié pour moi, que j’obéirai. Un autre dit : Il est vrai que Jésus-Christ a jeûné, pratiqué la mortification, que les apôtres l’ont imité ; mais ma volonté repousse de pareilles pénitences, et c’est à elle que j’obéis. En un mot, il ne reconnaît d’autre autorité que la sienne pour le diriger. Au lieu de soumettre ma volonté à celle de Dieu, qu’il m’impose comme une loi écrite dans la Bible, dit-il, je soumettrai la volonté de Dieu et la Bible qui la renferme à ma raison et à ma libre interprétation, c’est-à-dire à ma volonté. C’est donc le protestant, messieurs, qui place sa volonté sur le trône de Dieu, puisqu’il n’accepte qu’elle seule.

— S’il fallait croire ce que vous venez de dire, dit M. Dumont, le protestant ne ferait aucune bonne action, soit dans sa manière de vivre, soit dans son commerce, dans sa famille ou ailleurs. Pourtant sa conduite en général peut être comparée favorablement à celle du catholique.

— N’essayez pas de détourner le sens de mes paroles ; au contraire je reconnais dans le protestant de très grandes qualités sous tout rapport ; mais d’où viennent-elles ? où les a-t-il puisées ? Écoutez bien. Elles viennent des enseignements de l’Église catholique qui, la première, a enseigné à aimer Dieu et le prochain ; a enseigné à pratiquer la charité, a exigé la