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dites-moi que la figure si douce et si aimable de ma mère, votre épouse, est encore devant vos yeux, et que ma sœur, votre fille, cet ange de beauté et de douceur, vous est encore chère ; et moi, ne suis-je pas venu ici, ne vous ai-je pas suivi parce que je vous aimais ? Ah ! dites-le, je vous prie ; j’attends votre réponse ; ma mère et ma sœur pleurent votre absence et soupirent après l’heureux moment de votre retour.

— Assez… assez, cher enfant, dit M. Dumont en embrassant son fils ; non, je ne vous abandonnerai pas ; non, jamais, que Dieu m’en garde.

Et il entre précipitamment dans la chambre de Gustave et en ferme la porte.

— Merci, mon Dieu, dit ce dernier ; puis, se tournant du côté de la femme qui n’avait pas encore bougé, il ajoute avec force :

— N’avez-vous entendu ? Allez-vous-en, vous dis-je, et faites en sorte que mon père ne vous voie plus.

Mais elle ne bougeait pas.

— Allez-vous sortir ? reprend Gustave en avançant vers elle ; voulez-vous que j’use de violence ?

Craignant que Gustave ne mette sa menace à exécution, elle se lève en lançant un regard de haine sur lui, et se dirige vers la porte, en disant avec colère :

— Tu te souviendras de moi, jeune homme ; je vais en avertir le prophète, qui saura bien te punir.

— Le prophète se respecte trop pour se mêler de toi, dit Gustave avec moquerie ; quant à toi, fais ce que tu voudras, je ne te crains pas. Dieu saura me protéger et te confondre ; et il ferme la porte en lui donnant à peine le temps de sortir.

Un dimanche soir, M. Williams et plusieurs autres mormons étaient venus passer la soirée avec M. Dumont.

La conversation roula pendant quelque temps sur la politique, et finalement sur la religion. Comme il arrive toujours en pareil cas, surtout avec les protestants, chacun voulait faire prévaloir son opinion ; le