Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
gustave

CHAPITRE XXII

Gustave fait sortir une femme de la maison de son père. Discussion.


Quelques jours après, nos trois amis se rendent au lac Salé pour faire une promenade en chaloupe ; ils montent dans un petit chaland, seule embarcation qu’ils trouvent, et se dirigent vers une île située à une distance de deux ou trois milles.

Ils peuvent à peine manier leurs environs tant l’eau est épaisse, encore moins faire avancer ce bateau à fond plat.

— Je suis fatigué de travailler aussi fort, dit Gustave ; cette eau est tellement imprégnée de sel, que nos avirons en sont déjà tout couverts.

— Nous ferions mieux de retourner, dit George ; le vent est trop fort, et il vaut mieux ne pas s’aventurer plus loin.

— Vous craignez de prendre un bain de sel, dit Gustave en souriant ; pourtant il ne vous brûlera pas, celui-là.

— Qu’importe, je ne voudrais pas tourner en statue de sel.

— Ne regarde pas en arrière de toi, dit Arthur, il n’y aura pas de danger.

— Ce lac Salé, long de soixante-dix milles et large de trente, est une des curiosités les plus remarquables de cette contrée ; son eau est tellement imprégnée de sel, que pas un poisson ou autre être vivant quelconque ne s’y trouve ; ses grèves sont couvertes d’une épaisseur de quatre à cinq pieds de ce sel, que