— C’est un évêque qui aime les piastres, dit Gustave.
M. Dumont compte quinze cents dollars.
— Alors le dixième fait cent cinquante piastres, dit l’évêque ; quant à vos vêtements, lits et meubles, j’en ai mis la valeur à mille piastres, donc cent piastres à ajouter.
— Mais, je ne fais qu’arriver, réplique M. Dumont.
— Cela n’y fait rien, vous devez payer la dîme d’avance ; les ordres sont très sévères sur ce point. Les autorités de notre Église ont tout à payer pour le soutien des missionnaires, la construction des temples, etc.
— Et tant de femmes et d’enfants à nourrir et habiller, dit Gustave plus fort.
— Vous avez deux cent cinquante piastres à me donner, dit l’évêque, voyrant que M. Dumont ne s’exécutait pas.
— Je vais vous les donner puisqu’il le faut, dit M. Dumont d’un ton vexé, et, comptant l’argent voulu, il le présente à l’évêque, qui s’empresse de le mettre en poche.
L’évêque se retourne, se dirige vers la porte en jetant un regard sévère sur notre héros :
— Regardez-moi comme vous voudrez, dit Gustave : si vous eussiez eu affaire à moi, vos poches seraient encore vides.
— Tu es jeune encore, dit l’évêque avec un sourire moqueur ; mais tu vieilliras et tu paieras la dîme à ton tour.
— Jamais, dit Gustave en lui jetant un regard de dédain.
— Il le faudra bien ; ainsi je ne te dis pas adieu, mais au revoir.
— Eh bien ! qu’en pensez-vous, mon père ? dit Gustave. Il paraît qu’il vaut mieux être pauvre en arrivant dans la nouvelle Jérusalem.
— Pourquoi donc ?
— Parce que celui qui a quelque chose est obligé