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— En ce cas, la foi seule suffit, dit Gustave ; cependant je ne comprends pas qu’un homme puisse se décider à épouser plusieurs femmes, tandis qu’il faudrait plusieurs hommes pour faire vivre une femme de la manière qu’elle l’entend, c’est-à-dire pour lui fournir toute la toilette qu’elle désire. Mais pour un prophète, il faut croire que cela peut se faire.

— Arrêtez-vous donc, dirent George et Arthur en riant ; vous n’êtes jamais en peine de prendre les choses par le côté le plus gai.

— Et de dire la vérité lorsque je la connais, dit Gustave.

Nos trois amis tournent leurs chevaux dans la direction de la ville, et arrivent bientôt à leur demeure, après avoir passé une journée agréable et instructive.

Gustave, en entrant chez son père, aperçoit un homme occupé à fouiller les coffres et les valises : chemises, pantalons, pardessus, collets, etc., gisaient pêle-mêle sur le parquet.

Surpris, il le regarde faire, et voit que cet homme fait un inventaire de tout ce que possède son père.

— C’est un évêque qui vient collecter la dîme, se dit-il.

L’inventaire terminé, l’évêque demande à M. Dumont :

— Est-ce bien tout ce que vous avez ?

— C’est tout ce que je possède, répond ce dernier, de mauvaise humeur.

— N’avez-vous pas d’argent ? reprend l’évêque d’un ton sévère.

— Pourquoi cette question ? dit M. Dumont en rougissant. Faut-il payer dîme sur l’argent aussi ?

— Certainement ; les autorités de notre sainte Église tiennent à avoir un dixième de tout.

— Je crois avoir un milier de piastres, dit M. Dumont indigné, et, tirant son portefeuille, il compte son argent devant l’évêque, qui jette un regard avide sur les billets de banque.