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rue. Cette eau est très bonne à boire, et sert à arroser nos jardins pendant la saison d’été, qui ne nous donne pas de pluie. Attendez un instant, je vais baisser cette trappe, vous allez voir comment j’arrose mon jardin.

La trappe se baisse, et l’eau, arrêtée dans son cours, entre dans un petit canal conduisant au jardin, et se répand ensuite dans de petites rigoles se ramifiant sur tous les carrés couverts de végétation et de fleurs : cinq minutes plus tard, tout le jardin est enseveli sous une épaisseur de plus d’un pouce d’eau.

Alors, cet homme relève la trappe, l’eau reprend son cours, et son voisin, qui attendait le signal, en fait autant.

— Vous voyez, dit-il, c’est à chacun son tour.

Après l’avoir remercié, nos trois amis sortent de la ville et se dirigent vers les sources d’eau bouillante (Hot Springs) situées à six milles au nord.

Un bassin long d’une trentaine de pieds et large de vingt, d’où s’échappe une vapeur qui s’élève à une assez grande hauteur, et dans lequel bout une eau claire, se présente à leur vue.

— D’où peut venir cette eau ? dit Arthur.

— Je ne le sais pas, répond Gustave, mais ce soufre, ce mercure et ces autres substances vertes et rouges que l’on voit au fond de ce bassin, dénotent l’existence de quelque volcan souterrain assez près d’ici, et qui, tôt ou tard, se fera connaître en se débarrassant des montagnes qui le couvrent. Je vous assure que je n’aimerais pas être trop près pour le simple plaisir de les voir sauter.

— Et tomber sur les saints de la nouvelle Jérusalem, dit George ; mais, changement de propos, je vais voir si cette eau est bien chaude.

En parlant ainsi, il se met le doigt dans le bassin, mais le retire aussitôt. « Peste ! ajoute-t-il, elle m’a brûlé le doigt. »

— C’est bien votre faute, dit Gustave, vous devez