d’ordre, arrivent au camp et aperçoivent ce dernier causant avec le commandant.
Ils se hâtent de le rejoindre, et le capitaine, le frappant amicalement sur l’épaule, lui dit :
— Jeune homme, vous avez trouvé un moyen bien ingénieux pour passer et pénétrer dans un camp.
— Entre saints, monsieur, dit Gustave, il y a toujours moyen de s’arranger.
Les voitures de notre caravane commencent à entrer dans le camp.
Notre capitaine les fait arrêter, pour permettre au commandant de prendre les noms de ceux qui faisaient partie de la caravane, son devoir étant de ne laisser passer qui que ce soit sans connaître les noms et le but de ceux qui voulaient pénétrer plus avant dans le territoire.
Alors les soldats mormons se mêlent aux gens de notre caravane ; ces derniers, touchés de leur misère, leur donnent de la farine et quelques jambons tirés de l’incendie dont nous avons déjà parlé. Gustave s’approche de son père et lui dit :
— Regardez ces hommes qui croyaient que tout leur viendrait en abondance en se rendant à cette ville qu’on a qualifiée du titre pompeux de « Nouvelle-Jérusalem ». Ils manquaient même de nourriture ; et que dire des moyens qu’ils prennent pour repousser l’autorité légitime ?
— N’ont-ils pas le droit de se défendre ? réplique M. Dumont, et surtout celui de repousser ceux qui veulent les attaquer injustement ?
— Injustement, dites-vous ? vous prétendez donc qu’ils ne doivent pas obéir aux lois et reconnaître l’autorité du gouvernement des États-Unis, qui les a tolérés et protégés jusqu’à ce jour ? Peuvent-ils, avec raison, refuser de recevoir un gouverneur envoyé par ce gouvernement pour faire respecter ses lois, et cela dans un de ses territoires ? Non, ils se rebellent, parce que Brigham Young, tout en se proclamant