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fait la première sentinelle, et il n’arrête pas son cheval.

— Vous ne passerez pas, crie la sentinelle. Halte ! ou je vous tue.

— Comment cela ? reprend Gustave sans se déconcerter. Par quel droit nous, arrêtez-vous ? Je vous donne le mot d’ordre que la première sentinelle nous a donné ; je répète les mêmes paroles, et je fais comme elle en ôtant mon chapeau.

Les amis de Gustave sont fous de rire ; la sentinelle, surprise de la gaieté et de la naïveté de notre héros, ne peut empêcher le sourire d’effleurer ses lèvres.

— Monsieur, continue Gustave, je connais votre devoir et le mien, je n’insisterai pas à passer avant de vous dire qui nous sommes, et il répète ce qu’il avait dit à la première sentinelle, et ajoute : allons-nous rencontrer d’autres sentinelles sur notre chemin avant d’arriver à ce camp que je vois plus bas ? Si oui, vous voudrez bien nous donner le mot d’ordre.

— Ce n’est pas nécessaire, répond l’homme d’armes en souriant.

— Merci, monsieur, dit Gustave en le saluant, et il s’éloigne avec ses compagnons.

— Qu’avez-vous donc, cher ami ? dit George.

— Rien que je sache, répond Gustave. Voyez-vous, il faut bien être gai et joyeux.

Puis, prenant le galop, nos amis se rendent au camp sans ralentir leur course.

Le commandant et les quelques soldats restés au camp s’approchent ; le premier leur demande :

— Qui êtes-vous ?

— Nous sommes l’avant-garde d’une caravane de saints du dernier jour, répond Gustave ; elle doit arriver tout à l’heure.

— Soyez les bienvenus, chers frères en Jésus-Christ, dit le commandant en leur tendant la main.

Quelques minutes plus tard, le capitaine et M. Dumont, qui avaient bien ri en apprenant comment Gustave s’y était pris pour donner le fameux mot