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— Veuillez, mon ami, être assez bon de nous faire connaître ce mot d’ordre, et je vous assure que pas un d’entre nous n’aura la moindre objection de vous le donner.

La parfaite tranquillité et le sourire avec lesquels il avait prononcé ces paroles, eurent pour effet que ses amis et la sentinelle éclatèrent de rire.

Gustave profite de ce moment pour ajouter :

— Me serait-il permis, monsieur, de vous demander pourquoi l’on a fait cette écluse dans ce ravin ? Ce n’est pas pour nous noyer, j’espère ?

— Cette écluse a été faite pour inonder ce ravin, dans le cas où l’armée américaine voudrait s’y engager pour le traverser, répond la sentinelle. Mais qui êtes-vous ? je ne puis vous laisser passer sans vous connaître.

— Nous sommes l’avant garde d’une caravane de saints du dernier jour, répond Gustave.

— Alors, vous pouvez passer, dit la sentinelle en ôtant son chapeau.

Gustave et ses compagnons reprennent leur route, montent sur un pont jeté au-dessus de l’écluse, et aperçoivent un camp fait à la mode des sauvages.

Des huttes construites avec des branches d’arbres entrelacées de rameaux, et le tout recouvert de paille ou de glaise, servaient d’abri aux soldats mormons, occupés en ce moment, les uns à faire des retranchements, des batteries et des fossés, les autres à placer sur le sommet des montagnes de grosses pierres destinées à être jetées sur ceux des ennemis qui voudraient passer dans le ravin.

— En voilà une curieuse besogne pour des saints, dit Gustave toujours souriant ; en ont-ils des projets pour…

Un nouvel ordre : Halte ! ou donnez le mot d’ordre, l’arrête court dans sa remarque.

— Vous pouvez passer, se hâte de dire Gustave en ôtant son chapeau, imitant en cela ce qu’avait dit et

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