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tendre, ces montagnes, toutes plus hautes les unes que les autres, se succèdent sans interruption ; ces sommets couverts d’une neige perpétuelle ; ces pics élancés, tous de formes différentes et se perdant dans les nues, ces ravins profonds qui les séparent ; ces précipices dont la vue seule effraie ; ces rochers immenses comme suspendus sur le bord des abîmes, et menaçant à chaque instant de s’y précipiter ; ces plateaux couverts d’une verdure qui réjouit ; ces arbres gigantesques qui semblent se cramponner aux parois presque perpendiculaires de ces montagnes ; tout forme un ensemble qui enchaîne les regards, excite l’admiration et porte à élever l’âme vers le créateur de tant de merveilles.

Le soir, on forme le camp au pied de la passe du sud, et le lendemain, après avoir monté près de cinq heures, la caravane arrête sur le sommet pour prendre le dîner.

Au départ, Gustave et ses deux amis sont effrayés à la vue de l’abîme qui se présente devant eux, et dans lequel il faut que la caravane descende, en suivant un chemin pavé de cailloux ronds et longeant le bord d’un précipice sans fond.

Les wagons arrivent, et tous se demandent comment on va s’y prendre pour descendre dans cet abîme.

— Il n’y a rien à craindre, dit le capitaine. Que chacun enchaîne les dernières roues de son wagon pour l’empêcher de rouler sur les cailloux ; vous ne laisserez qu’une paire de bœufs en avant, et attacherez les autres en arrière, afin de leur faire retenir le wagon pendant la descente. Et qu’un seul wagon descende à la fois.

Gustave et ses hommes prennent le devant et se sentent comme frappés de vertige ; leurs chevaux, effrayés, ne cherchent qu’à se coller contre la paroi de la montagne, et refusent d’avancer.

D’un côté du chemin, qui a à peine huit pieds de largeur en certains endroits, sont des abîmes sans