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Toujours la vue fixée sur l’avant-garde, ils la voient gravir le dernier coteau qui la sépare du feu ; ils distinguent Gustave, divisant ses hommes en trois corps à une distance d’une vingtaine de pieds l’un de l’autre.

On s’attend qu’elle va retourner sur ses pas ; on le désire même. Mais elle commence à descendre de l’autre côté et a bientôt disparu.

Alors un sentiment de crainte s’empare de tous les cœurs. Personne ne bouge, on a hâte de les voir revenir, ou d’entendre trois coups de fusil qui doivent les avertir que tout est bien.

Les minutes paraissent aussi longues que des heures… une demi-heure se passe, et aucun d’eux ne reparaît. Une heure se passe et rien encore. M. Dumont se reproche d’avoir laissé partir son fils et de grosses larmes coulent le long de sa figure ; les autres veulent se rendre au feu à tout prix.

— Patience, dit le capitaine, ce retard est un bon signe ; si un malheur était arrivé, quelques-uns d’entre eux auraient pu se sauver et venir nous en avertir.

Cette remarque fait renaître la confiance ; on attend avec moins d’anxiété, tout en comptant les minutes qui s’écoulent.

Gustave et ses compagnons avaient gardé le galop jusqu’au coteau. Là, il avait séparé ses hommes, comme nous l’avons dit plus haut, et, prenant le pas, ils avancent avec la plus grande précaution ; le plus grand silence règne parmi eux et le moindre bruit attire leur attention.

Chaque rocher est examiné et le plus petit ravin fouillé dans toute sa longueur.

Une brise légère cause, de temps à autre, un certain froissement dans les hautes herbes ; alors on s’arrête pour s’assurer qu’elles ne cachent pas des ennemis.

Enfin le feu apparaît ; il leur faut faire de grands détours, cependant, pour s’y rendre ; de gros rochers bordent la route qui, en conséquence, devient très