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— Messieurs, la mission que nous avons à remplir est difficile et dangereuse. Nous devrons avancer avec la plus grande précaution, observer le plus grand silence, tenir la vue partout où il y a du danger, afin de ne pas nous laisser surprendre. S’il faut revenir sur nos pas, gardez votre sang-froid et tenez les rangs serrés pour paraître plus forts et plus nombreux.

— Je vais t’accompagner dans cette expédition, mon fils, dit M. Dumont ; je crains trop qu’il ne t’arrive malheur.

— Permettez-moi de ne pas céder à votre demande, mon père, dit Gustave avec émotion. Votre devoir est de rester avec la caravane et de placer des gardes pour la protéger. De plus, si péril il y a, c’est assez de moi à l’affronter. Pensez à maman et à ma sœur qui doivent en ce moment soupirer après votre retour. Vous leur devez d’éviter tous les dangers autant que possible, pour pouvoir retourner vers elles au plus tôt. Quant à moi, cher père, je ne crains pas de mourir, et quoique je sache que ma mort leur causerait beaucoup de peine, je ne serais pas une perte comme celle d’un époux et d’un père.

— Ah ! cher enfant, ne parle pas ainsi, dit M. Dumont ému jusqu’aux larmes. Que ferais-je si je te perdais ?

— Ne craignez pas, cher père, dit Gustave essayant de sourire pour cacher l’émotion qu’il éprouve ; je ne mourrai pas cette nuit et de sitôt, j’espère. Puis se retournant tout à coup, il ajoute :

— En avant, messieurs, que ma petite troupe seule me suive.

Tout le personnel de la caravane les suit des yeux.

— Quel courage et quel dévouement dans ce jeune homme ! se dit-on de toutes parts.

— Pourvu qu’il ne leur arrive pas malheur, dit le capitaine ; je crains beaucoup pour eux.

— Non, non, lui répondent plusieurs ; Dieu ne saurait laisser périr ce jeune homme et ceux qui le suivent avec tant de confiance.