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gustave

le camp, lève son chapeau et demande un « hourra » pour notre héros.

Aussitôt tous les chapeaux se lèvent, et un « hourra » formidable, dont l’écho fait résonner la montagne et les rochers aux alentours, est poussé en l’honneur de Gustave.

Les prisonniers sont placés au centre du camp ; leur mine piteuse fait peine à voir.

Gustave et ses compagnons retournent à l’angle de la montagne pour prévenir toute surprise. Voyant que les sauvages, qui avaient tourné bride, s’enfuyaient encore avec toute la vitesse possible, ils s’en reviennent au camp, et disent au capitaine qu’il n’y a rien à craindre de ce côté.

Alors le capitaine fait rassembler tout le monde et leur dit :

— Chers frères et sœurs, encore cette fois, nous devons notre victoire à Gustave Dumont.

— Oui, oui, répond tout le monde, et un nouvel « hourra » fait retentir les airs.

— Maintenant, reprend le capitaine, il faut voir ce que nous allons faire de nos prisonniers.

— À mort ! à mort ! s’écrient quelques-uns ; ils nous attaqueront encore, si nous leur laissons la vie, et finiront par nous massacrer.

— Mais, dit le capitaine, qui était d’un caractère débonnaire, je voulais proposer Gustave pour les juger ; je sais d’avance que ce qu’il fera sera bien fait.

— Très bien, répond-on de toutes parts, faites-le venir.

Le capitaine se tourne du côté de Gustave et lui dit :

— C’est à vous, brave jeune homme, que revient le droit de juger ces prisonniers ; c’est grâce à votre habile stratagème s’ils sont en notre pouvoir en ce moment.

— Mais, monsieur, dit Gustave en hésitant…

— C’est vous, c’est vous qui allez les juger, s’écrie tout le monde.