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taine, disposa ses hommes en quatre groupes ; deux devaient se tenir à une centaine de pieds en avant du second groupe, et occuper le chemin ; les deux autres devaient se tenir de chaque côté du chemin, à une certaine distance en avant du second groupe.

— Nous pourrons nous voir ainsi, dit Gustave, et nous ne risquerons pas tous de perdre nos chapeaux. Celui des groupes qui s’apercevra de quelque chose de nature à l’alarmer, devra donner le signal en levant les carabines, et se replier tout de suite sur les autres, et, une fois réunis, nous pourrons délibérer sur ce qu’il y aura de mieux à faire.

Le capitaine donna le signal du départ.

— En avant, messieurs, dit Gustave.

Malgré les derniers événements, notre héros conservait toujours son humeur gaie et tenait toujours George et Arthur dans l’hilarité, afin de chasser de leur esprit les pensées amères et la peine qui s’emparait d’eux de temps à autre.

Ils ne pouvaient oublier la perte de leur sœur chérie.

— Qui aurait pensé que nous nous serions ainsi trompés hier, dit Gustave qui, avec ses deux amis, tenait le devant ; au lieu d’avoir trouvé la nouvelle Jérusalem, nous avons vu l’enfer avec ses habitants ; j’aurais dû penser…

Mais il n’a pas le temps de finir ; des obstacles placés en travers du chemin attirent leur attention.

Ils arrêtent leurs chevaux, lèvent leurs carabines en l’air, et se replient sur le groupe en arrière ; les deux autres groupes en font autant.

— C’est peut-être une ruse pour nous retarder, dit Gustave, aussitôt que les quatre groupes furent réunis.

— On ne doit pas avoir placé ces obstacles pour simple plaisir de nous retarder, dit l’un des hommes.

George, qui ne cessait de tenir la vue fixée sur les obstacles, croit remarquer un certain mouvement dans les hautes herbes de chaque côté du chemin.